Les chemins de l’inconscient sont infinis lorsque la réalité devient trop oppressante et qu’il s’agit d’apaiser les tourments. Saisi de doutes, la veille de ses noces avec Effie, le jeune James voit apparaître en songe la Sylphide, créature évanescente, incarnation de l’idéal féminin et de la liberté dont son mariage pourrait le priver. Créé à l’Opéra de Paris en 1832, La Sylphide de Philippe Taglioni s’inspire pour la première fois du Sturm und Drang littéraire. Les forêts brumeuses d’Écosse offrent un cadre idéal à l’opposition entre le monde réel et un univers inaccessible. Marie Taglioni, vêtue d’un long tutu blanc et vaporeux, interprète le rôle-titre intégralement chorégraphié sur pointes, accentuant le caractère aérien, éthéré et immatériel de son personnage et dessinant la silhouette emblématique de la ballerine. Unanimement salué par la critique et le public à sa création, La Sylphide devait marquer durablement une génération de poètes et écrivains, parmi lesquels Théophile Gautier, futur librettiste de Giselle, avant de disparaître du répertoire à la fin du XIXesiècle. Le ballet est fidèlement remonté par Pierre Lacotte pour le Ballet de l’Opéra en 1972. Depuis, il ne cesse de fasciner par sa délicatesse et ses sortilèges, s’inscrivant comme le ballet romantique par excellence.